Arbetloze marsh

Mordekhaï Gebirtig (1877-1942)

Eyns, tsvey, dray, fir,
Arbetloze zenen mir.
Nisht gehert khadoshim lang
In fabrik den hamer-klang,
S’ lign keylim kalt, fargesn,
S’ nemt der zhaver zey shoyn fresn.
Geyen mir arum in gas,
Vi di gvirim pust un pas. (bis)

Eyns, tsvey, dray, fir,
Arbetloze zenen mir.
On a beged, on a heym,
Undzer bet iz erd un leym.
Hot nokh ver vos tsu genisn,
Teylt men zikh mit yedn bisn.
Vaser vi di gvirim vayn,
Gisn mir in zikh arayn. (bis)

Eyns, tsvey, dray, fir,
Arbetloze zenen mir.
Yorn lang gearbet shver,
Un geshaft alts mer un mer.
Hayzer, shleser, shtet un lender,
Far a hayfele farshvender.
Undzer loyn derfar iz vos ?
Hunger, noyt un arbetloz. (bis)

Eyns, tsvey, dray, fir,
Ot azoy marshirn mir.
Arbetloze, trit nokh trit,
Un mir zingn zikh a lid.
Fun a land, a velt a naye,
Vu es lebn mentshn fraye.
Arbetloz iz keyn shum hant,
In dem nayem frayen land. (bis)

Un, deux, trois, quatre,
Nous sommes les chômeurs.
On n’a pas entendu pendant des mois,
Dans l’usine le bruit du marteau.
Les outils restent froids, oubliés,
La rouille va bientôt les dévorer.
Nous nous retrouvons dans la rue,
Comme les riches, sans occupation.

Un, deux, trois, quatre,
Nous sommes les chômeurs.
Sans habits, sans chez soi,
Notre lit est fait de terre et de glaise.
Si quelqu’un a encore quelque chose à
manger,
On se partage chaque petit morceau.
De l’eau comme les riches du vin,
C’est ce que nous buvons.

Un, deux, trois, quatre,
Nous sommes les chômeurs.
Des années, nous avons travaillé dur,
Nous nous sommes affairés de plus en plus.
Maison, châteaux, villes et pays,
Pour un tas de gaspilleurs.
Et quel est notre salaire ?
Faim, misère et chômage.

Un, deux, trois, quatre,
Aussi, maintenant, marchons-nous.
Les chômeurs vont pas à pas,
Et nous chantons un chant.
D’un pays, un nouveau monde,
Où vivent des hommes libres.
Il n’y a pas de chômeurs,
Dans ce nouveau pays libre.